L’activité physique a un impact favorable sur la santé mentale, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) le répète depuis plusieurs années. Lorsque les gyms et les centres de conditionnement physique ont dû fermer à cause de la situation sanitaire, de nombreuses personnes se sont retrouvées en difficulté. Avec la réouverture, il faut maintenant trouver la motivation pour y retourner.
Alors qu’elle s’entraînait de quatre à cinq fois par semaine avec son groupe de CrossFit Mission Inten-Cité, à la Cité des Arts et des Sports de Valleyfield, Jasmine Goupil a dû tout arrêter.
«C’est surtout pendant l’hiver que j’ai trouvé ça difficile, raconte cette dernière. J’ai loué de l’équipement pour m’entraîner à la maison avec des cours en ligne, mais ce n’était pas optimal. Je suis passée à un entraînement par semaine.»
Cet arrêt soudain et non volontaire d’activité physique régulière a nécessairement eu une incidence sur son énergie et sa santé mentale.
«Je travaille beaucoup en tant qu’agente immobilière, et ça me prend une heure d’entraînement plusieurs fois par semaine pour être bien. Le but de mon entraînement est surtout pour garder la forme autant psychologique que physique.»
Jasmine trouve maintenant difficile de s’y remettre.
«Quand tu fais trois ou quatre entraînements par semaine, tu n’as plus mal le lendemain. J’ai aussi perdu tous les acquis que j’avais après un an de pratique assidue. En ce moment, c’est comme si je recommençais à zéro. C’est démotivant de voir que tous les efforts fournis sont réduits à néant...»
Retour intensif
Aux yeux du psychologue Jacques Forest, le niveau d’attentes de Jasmine doit être revu.
«Si elle a perdu son niveau de forme, elle doit calibrer ses attentes avant de remonter au niveau supérieur. Si elle avait du plaisir à être autant en forme, elle doit se fixer un but par rapport à elle-même, et elle va progresser. Elle doit aussi s’écouter, ne pas être rigide, mais rester disciplinée.»
Pour Jocelyn Rémillard, la reprise de l’entraînement est complète et salutaire.
«Ça fait quelques années que je suis un adepte du gym. Avant la pandémie, j’y allais entre quatre et cinq fois par semaine, et la fermeture a eu un gros impact sur moi. C’était vraiment difficile, car ça faisait partie de mon quotidien.»
Depuis la réouverture, il est retourné au gym quasiment chaque jour.
«C’est difficile de voir que je ne cours plus aussi vite, que je ne lève plus aussi lourd, que je ne fais plus autant de répétitions et que je suis brûlé plus rapidement. Heureusement, pendant le confinement, je me suis mis au régime Keto et j’ai perdu du poids. Mais ça va être plus long pour retrouver mes acquis en musculation.»
Comme beaucoup, Jocelyn a quand même tenté de s’entraîner tout seul à la maison durant la pandémie.
«J’avais un peu d’équipement à la maison. J’ai essayé fort, mais mes entraînements étaient moins intenses, moins nombreux et moins longs. La motivation n’était plus là.»
Les longs mois de confinement et de couvre-feu lui ont aussi laissé une impression de vacuité. «Je n’avais plus le gym et on avait moins d’activités. J’avais parfois l’impression de perdre des jours, car je n’avais aucun accomplissement personnel», déplore-t-il.
Comment retrouver la motivation pour s’entraîner?
Jacques Forest, professeur-chercheur à l’UQAM et psychologue organisationnel, explique qu’il y a quatre grands types de motivation.
«Il y a d’abord le plaisir de faire du sport : on pratique une activité parce que c’est agréable. C’est un grand prédicteur de bien-être et d’émotions positives. Les gens pratiquent souvent un sport pour ça. Le deuxième type, c’est quand on s’identifie à quelque chose qui fait partie de nos valeurs et qui est important pour nous. Si prendre soin de notre santé ou que la souplesse de notre corps est importante, on va mettre tous les efforts, même si c’est moins agréable. En sport, ça va permettre d’inscrire l’entraînement dans la durée. Ensuite, il y a deux moins bons types de motivation, qui sont l’ego et les récompenses sociales.»
Pour retrouver l’envie de prendre le chemin du gym, de pratiquer le soccer ou d’enfourcher son vélo, il faut d’abord se reconnecter aux sources du plaisir, retrouver les raisons pour lesquelles on trouve ça important, tout en tenant en échec tout ce qui a trait à l’ego ou à la valorisation sociale.
«Ce qui va aussi aider, c’est le fait de faire des choix, de se sentir efficace, et de sentir qu’on fait partie d’un groupe. Trouver une "gang", un ou une partenaire d’entraînement, ça va énormément aider», estime Jacques Forest.
Bien dans son corps, bien dans sa tête - Le Journal de Montréal
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