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Saturday, June 19, 2021

Plaidoyer pour l'activité physique des aînés - Le Devoir

Une étude menée récemment par la doctorante Kirsten Dillon, de l’université ontarienne Western, a ainsi montré que le simple fait de remplacer dix minutes de position assise après chaque repas par dix minutes de marche légère améliorait de façon marquée les fonctions cognitives et physiques des participants, ainsi que leur qualité de vie, comparativement au groupe témoin.

Ce résultat, écrit Mme Dillon, « démontre qu’il suffit de peu de mouvements pour améliorer les choses ».

« C’est une des plus belles suggestions que j’ai vues depuis plusieurs moments, surtout chez les gens qui sont assez avancés en âge », a réagi le professeur Yves Lajoie, quand on lui a demandé ce qu’il pensait de cette idée de faire bouger davantage les résidents.

Si c’est bon pour les enfants, poursuit M. Lajoie, un spécialiste de la forme physique des aînés de la faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa, c’est bon pour les personnes âgées, « et je me demande pourquoi ce n’est pas rendu obligatoire dans toutes les maisons de retraite ».

L’exercice fait partie de l’hygiène de vie et on devrait dire aux gens qu’il est tout aussi important de faire de l’exercice que de bien manger, croit-il.

« Il ne faut pas attendre trop longtemps pour commencer, a dit M. Lajoie. Toutes les résidences pour personnes âgées devraient avoir des programmes d’exercice physique. »

Pour tout le monde

Les effets de l’exercice sont positifs dans toutes les conditions, pour tout le monde, renchérit le professeur Louis Bherer, qui est notamment chercheur et directeur de laboratoire à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Seulement quinze minutes par jour peuvent suffire, rappelle-t-il.

« On a montré que seulement trois mois d’exercices en milieu gériatrique entraînent une amélioration nette de la qualité de vie dans tous les domaines, a dit M. Bherer. C’est précieux quand on vieillit. On ne peut pas se sauver de la maladie, il faut vivre avec des blessures, mais la qualité de vie peut s’ajuster à tout ça. »

M. Bherer révèle être régulièrement approché par des gens d’affaires impliqués dans le développement de nouvelles résidences pour aînés qui veulent savoir comment offrir plus d’activités physiques à leurs bénéficiaires. « Si les gens qui montent les maisons de retraite et les retraités eux-mêmes en demandent, c’est parce qu’ils savent que c’est bon », a-t-il souligné.

Dans un commentaire reçu par courriel, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec affirme être « conscient et soucieux de l’importance pour les aînés de demeurer actifs et des impacts positifs sur leur santé physique, mentale et cognitive ».

« Les maisons des aînés sont d’ailleurs conçues pour encourager et stimuler les résidents à circuler par eux-mêmes dans le milieu de vie », ajoute-t-on.

Installations olympiques

Et pas besoin d’installations olympiques ou de salles d’entraînement professionnelles pour favoriser la santé physique des aînés.

« La marche et la course sont parmi les exercices qui donnent les bienfaits les plus rapides avec le moins de temps, et ce sont parmi les activités les moins dispendieuses qu’on peut envisager faire », a souligné M. Bherer.

De simples groupes de marche seraient suffisants pour améliorer les capacités des résidents, confirme M. Lajoie.

La présence de vélos stationnaires et de piscines, si elle peut être agréable, n’est pas nécessaire, s’accordent à dire les deux experts.

Même assis dans une chaise, disons avec une boîte de jus de tomates dans chaque main, il est possible de faire plusieurs exercices, rappelle M. Lajoie.

« Ça ne prend pas grand-chose, et disons que les chaises, ils les ont déjà dans les centres pour personnes âgées, a-t-il dit. Ça, ils en ont! »

Et si on craignait, à une certaine époque, de faire bouger les aînés par crainte de chutes et de blessures, cette crainte semble se dissiper lentement, alors qu’on réalise que même les gens fragilisés bénéficient beaucoup d’une activité physique bien encadrée et faite de façon raisonnable, a ajouté M. Bherer.

On a longtemps vu l’exercice physique des aînés comme un ajout intéressant, mais non essentiel, à leur vie, ce qui serait heureusement en train de changer.

« On est dans une vague de déprescription chez les personnes âgées, on essaie de voir si on pourrait réduire le nombre de molécules qu’elles prennent dans une journée, a indiqué M. Bherer. Dans cette vague-là, on peut penser à des alternatives comme l’exercice. On sait que ça a des effets sur la tension artérielle, sur le rythme cardiaque, sur le stress, ça augmente la qualité du sommeil… ce sont tous des facteurs interreliés sur la santé physique et cognitive des personnes âgées. »

Quant à savoir si le gouvernement sera intéressé par la proposition, les deux experts s’entendent pour dire qu’il pourrait être très sensible à l’argument économique, puisque des aînés plus en santé coûteraient moins cher à la société en général et au réseau de santé en particulier.

« Je pense qu’il va falloir prendre ça au sérieux, il va falloir mettre ça à l’agenda comme une priorité, et on va se rendre compte des effets, a conclu M. Bherer. Et à mesure qu’on va le faire, on va juste être impressionnés par les bénéfices de l’exercice. »

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