POLITIQUE. La saga entourant l’exploitation de la piste de course de Sainte-Croix dure depuis plus de 10 ans. Souhaitant trouver un terrain d’entente entre les parties, la Municipalité a adopté, lors de la séance du conseil municipal du 3 août, un projet de règlement visant à limiter les heures d’utilisation de la piste de course.
Selon ce qui a été présenté, les activités devront se dérouler entre le 1er mai et la deuxième fin de semaine complète d’octobre. Les vendredis, les exploitants auront droit à 10 périodes d’exploitation entre 10h et 20h. Les samedis, on autorisera aussi 10 périodes d’ouverture entre 10h et 18h tout comme les dimanches; 10 périodes d’ouverture entre 10h et 18h.
Outre cet horaire, les exploitants ne devront pas organiser d’activités une fin de semaine sur deux ainsi que les 24 juin et 1er juillet et ils devront fournir une programmation complète au plus tard le 1er avril de chaque année.
Copropriétaire de la piste de course, Jean Bergeron, a fait part de son mécontentement face à ce qui a été présenté. En tout, il sera autorisé à opérer le circuit 260 heures pendant toute la saison. Selon lui, si ce règlement est adopté dans sa forme actuelle, il pourrait devoir mettre la clé sous la porte. «Tel quel, ça ne marchera pas. Jamais je ne ferai mes frais», a-t-il plaidé.
D’ailleurs, au sortir de la rencontre, ce dernier a confirmé son intention d’enclencher un processus juridique. «Je m’oppose à ce projet de règlement. Je vais envoyer une mise en demeure [pour bloquer le processus d’adoption]. Ensuite, je vais actionner la Municipalité parce qu’avec ce règlement, je ne serai plus capable de faire vivre mon commerce.»
Il reproche aussi à la Municipalité de ne pas avoir consulté l’ensemble des citoyens et de ne pas autoriser la tenue d’un référendum qui pourrait permettre à la population de s’exprimer sur la question.
Trouver l’équilibre
Parmi les personnes qui ont assisté à l’assemblée, on retrouvait plusieurs membres du Regroupement des citoyens de Sainte-Croix contre le bruit excessif.
«On ne cherche pas à fermer la piste. Ce que l’on veut, c’est que les propriétaires se comportent en bon citoyen comme la Bibby, par exemple, qu’ils s’assoient avec les gens et qu’on discute», a indiqué le président du regroupement, Jacques Lacroix.
Ce dernier estime qu’il est temps d’aller au-delà des démarches juridiques qui perdurent depuis une dizaine d’années. Il voit dans l’adoption de ce projet de règlement la reconnaissance que les citoyens de Sainte-Croix ont droit à une qualité de vie et aussi le premier pas pour ouvrir un dialogue sérieux entre les intervenants.
«Ça commence à faire pas mal de poursuites. Je pense que ça vaudrait la peine qu’on se parle. Ce qu’on voit ce soir, c’est l’expression des citoyens qui disent : on suit ça de près et on veut que la Municipalité agisse. C’est un projet, il peut évoluer et nous ne sommes pas fermés.»
Les membres du groupe dénoncent le fait que chaque fin de semaine de l’été, les activités qui sont organisées à la piste de course produisent du bruit, de la fumée et des odeurs qui nuisent à la qualité de vie des résidents du secteur.
La Municipalité
Pour la Municipalité, ce projet de règlement ne vise pas à empêcher les activités de la piste de course, mais d’offrir un cadre favorisant «une saine cohabitation» entre les parties impliquées.
«Nous avions commencé à travailler sur le projet en 2014-2015. À ce moment, il y avait beaucoup d’activités sur la piste, mais elle a été mise en vente et les activités ont diminué. Nous avons mis le projet de côté parce que ce n’était plus nécessaire. Les activités ont recommencé tous les jours et nous avons reçu beaucoup de plaintes. Au début de l’année, nous avons regardé ce que nous pouvions faire. […] Ils ont un droit acquis, ils ont le droit d’opérer, maintenant, on veut encadrer cet usage», a expliqué le maire de Sainte-Croix, Jacques Gauthier.
Afin de construire son projet de règlement, le conseil municipal s’est inspiré de ce qui déjà été fait à Pont-Rouge et Issoudun. Dans sa forme actuelle, le règlement ne permet pas la tenue d’activités du lundi au jeudi. «Il est sujet à des modifications», rappelle M. Gauthier.
La Municipalité pourra apporter des changements, selon les commentaires qu’elle recevra des citoyens et commerçants ainsi que des propriétaires et des gestionnaires du circuit de course. Quant à la version finale, elle devrait être adoptée le 7 septembre, lors de la prochaine séance ordinaire du conseil municipal.
Dossier polarisant
Signe qu’il s’agit d’un dossier sensible, l’assemblée n’a pas eu lieu dans la salle du conseil municipal, mais dans la salle Robert-Daigle qui permettait d’accueillir plus de citoyens. Deux policiers de la Sûreté du Québec étaient présents pour superviser le déroulement de la séance.
Plusieurs citoyens s’étaient déjà réunis devant la porte de l’hôtel de ville à 18h, une heure avant le début de la rencontre. En raison des règles sanitaires, la capacité de la salle était réduite et les places limitées. Certains n’auraient pas pu y entrer pour assister à la séance.
Une période de questions spéciale de 30 minutes a été ouverte, tout juste après l’adoption du projet de règlement. Les questions et commentaires ont porté sur le bruit, les odeurs, la fumée, la villégiature, la tranquillité. Certains voulaient savoir sur quelles bases s’est appuyée la Municipalité pour produire le règlement. D’autres ont demandé une consultation de la population, ou encore où pouvaient-ils déposer leurs commentaires.
Sainte-Croix veut réglementer les heures d'activité de la piste de course - Le Peuple Lotbinière
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