La toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation se tiendra ce jeudi. La population canadienne est invitée à l’utiliser pour s’informer sur l’Histoire des pensionnats autochtones et pour « rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats, leurs familles et leurs communautés », peut-on lire sur le site du gouvernement fédéral.
Nous nous sommes entretenus avec la directrice administrative du théâtre autochtone du Centre national des arts (CNA). Lori Marchand a grandi à Ottawa et est membre de la nation Syilx Okanagan en Colombie-Britannique. Son père, Len Marchand, a été le premier membre des Premières Nations à être élu au Parlement fédéral.
Pour elle, la tenue de cette première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en 2021 revêt une importance capitale. Elle cite évidemment la découverte des restes de 215 enfants sur le terrain de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en mai. Son père a fréquenté ce pensionnat durant un an et elle-même a vécu à Kamloops une grande partie de sa vie. Elle parle de ces enfants comme de membres de sa famille.
Un autre drame est venu toucher personnellement les membres du théâtre autochtone du CNA. Le directeur artistique, Kevin Loring, a grandi dans le village de Lytton, ravagé par un incendie le 30 juin dernier. Il avait d’ailleurs raconté l’histoire de sa communauté dans la pièce Là où le sang se mêle qui a remporté le prix littéraire du gouverneur général pour le théâtre en 2009.
« La première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation après un été comme ça, c’est une reconnaissance de nos histoires. Tous les drapeaux qui restent en berne, toutes les fenêtres avec les chandails orange, la commémoration des enfants sur la colline… Ce n’est pas exactement une réparation, mais c’est une reconnaissance importante. »
DES INITIATIVES POUR RENDRE HOMMAGE
Le Théâtre autochtone du CNA propose plusieurs activités en ligne pour souligner la semaine de la vérité et de la réconciliation : des performances de danses traditionnelles pour célébrer le territoire dans la série Et danse la terre, des dessins à colorier illustrant des mots de différentes langues autochtones, des ateliers, des conférences et des suggestions de lectures font partie du lot.
Mercredi soir, une causerie sous le thème « Réponses et responsabilités artistiques concernant les pensionnats indiens » aura lieu en français et en anglais. Les intervenants discuteront des œuvres artistiques qui mettent en scène les pensionnats autochtones, et de la responsabilité qui vient avec le fait d’aborder un tel sujet dans l’art.
La version francophone se tiendra à 17 h, en compagnie de Félicia Tremblay, Charles Bender et Emily Marie Séguin. L’activité est ouverte à tous, gratuitement et en ligne.
Pour Lori Marchand, il est primordial d’utiliser l’art pour raconter les histoires des communautés autochtones, comme on le fait au Théâtre autochtone du CNA. « Quand nous pouvons partager les expériences de notre communauté, elles peuvent raisonner avec le peuple canadien en général. Pour moi, il y a un lien direct entre les deux. »
La bibliothèque publique d’Ottawa propose également quelques activités en lien avec la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Il est entre autres possible de participer à une version virtuelle, en français, de l’atelier des couvertures KAIROS (ACK.)
Cette activité créée en 1997 par la Coalition pour les droits des peuples autochtones veut favoriser les liens entre autochtones et allochtones, tout en sensibilisant les gens aux conséquences de la colonisation.
L’Indigenous Arts Collective of Canada organise une cérémonie suivie d’une marche spirituelle ce jeudi. L’événement (en anglais et langues autochtones) débutera à 10 h sur la colline du Parlement. Plusieurs performances et activités sont prévues, dont la version en personne de l’ACK. Il est possible de suivre la journée Remember Me en ligne.
Pour Lori Marchand, l’étape la plus importante de la réconciliation passe par l’ouverture des citoyens canadiens aux peuples autochtones. Il est important de prendre le temps d’écouter et de reconnaître les histoires des Premières Nations, des Métis et des Inuits. La directrice administrative du Théâtre autochtone du CNA invite les Canadiens à participer aux activités offertes par leur employeur ou leur municipalité, en lien avec la journée du 30 septembre.
Cette date est soulignée depuis plusieurs années déjà, avec la journée du chandail orange.
Lori Marchand précise que ces deux thèmes sont liés, mais distincts. La journée du chandail orange est une initiative de Phyllis Webstad, directement liée à sa propre expérience des pensionnats autochtones, et son rayonnement s’appuie sur une participation volontaire.
Le jour férié fédéral constitue plutôt un pas en avant de la part du gouvernement. Dans tous les cas, Lori Marchand nous rappelle qu’au-delà de la commémoration essentielle, le 30 septembre est aussi porteur de lumière : « Nous voulons qu’il y ait un aspect d’espoir dans la journée aussi. Nous voulons retrouver et renforcer ce que les pensionnats ont tenté d’effacer. C’est une journée de célébration aussi, parce que nous sommes encore ici. »
Le 30 septembre est désormais une journée fériée au fédéral, mais pas en Ontario. Comme plusieurs autres, la province laisse le choix aux entreprises qui le désirent de traiter cette journée comme un férié. L’Alberta, la Saskatchewan, le Québec, le Nouveau-Brunswick, le Yukon et le Nunavut n’ont pas non plus décrété de jour férié le 30 septembre.
Seuls le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador et les Territoires du Nord-Ouest ont emboité le pas au fédéral. La Colombie-Britannique reconnaît un « jour de commémoration » doublé de la fermeture de plusieurs secteurs, sans en faire un férié officiel.
Réflexions et activités autour de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation - ONFR+
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