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Tuesday, December 27, 2022

En Afghanistan, plusieurs ONG suspendent leur activité à la suite de ... - Le Monde

Des Afghanes protestent à Kaboul contre la décision des talibans d’interdire les universités aux femmes, le jeudi 22 décembre 2022.

Au lendemain de l’ordre donné par les autorités talibanes aux organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales de ne plus faire travailler de femmes, trois ONG étrangères ont annoncé, dimanche 25 décembre, qu’elles suspendaient leurs activités en Afghanistan.

« Nous suspendons nos programmes, en exigeant que les hommes et les femmes puissent poursuivre de la même manière notre aide pour sauver des vies en Afghanistan », expliquent Save the Children, le Conseil norvégien pour les réfugiés et CARE International dans un communiqué commun.

« Nous ne pouvons pas venir efficacement en aide aux enfants, femmes et hommes en difficulté en Afghanistan sans nos équipes féminines », poursuit le communiqué, qui souligne l’importance des femmes dans les rangs des associations humanitaires, sans qui elles n’auraient « pas pu venir en aide à des millions d’Afghans dans le besoin depuis août 2021 ». Les trois ONG fustigent par ailleurs une décision qui va, selon elles, « affecter des milliers d’emplois en pleine crise économique de grande ampleur ».

Une autre ONG, le Comité international de secours (IRC), présent en Afghanistan depuis 1988, a également annoncé « suspendre » ses activités dans le pays, soulignant que, sur ses 8 000 collaborateurs, 3 000 sont des femmes. « Si nous ne sommes pas autorisés à employer des femmes, nous ne sommes pas en mesure de fournir des services à ceux qui en ont besoin », a déclaré l’IRC dans un communiqué.

Un coup porté au travail humanitaire

Samedi soir, pendant que l’Occident se préparait à célébrer Noël, le ministère de l’économie afghan a ordonné à toutes les organisations non gouvernementales de cesser de travailler avec des femmes sous peine de suspendre leur licence d’exploitation. Il n’a pas été précisé si la directive concernait le personnel féminin étranger des ONG.

Dans la lettre émise aux ONG locales et internationales, le ministère explique avoir pris cette décision après avoir reçu des « plaintes sérieuses » selon lesquelles les femmes y travaillant ne respectaient pas le port du « hijab islamique ». En Afghanistan, les femmes sont contraintes de se couvrir le visage et entièrement le corps.

Si les autorités talibanes « ne sont pas en mesure de revenir sur cette décision et de trouver une solution à ce problème, il sera très difficile de poursuivre et de fournir une aide humanitaire de manière indépendante et équitable, car la participation des femmes est très importante », a déclaré le coordonnateur humanitaire de l’ONU pour l’Afghanistan, Ramiz Alakbarov.

« Nous ne voulons pas suspendre immédiatement l’aide car cela nuirait au peuple afghan », a-t-il poursuivi, évoquant un impact « dévastateur » sur l’économie déjà délabrée du pays. Selon les Nations unies et les agences d’aide, plus de la moitié des 38 millions d’habitants du pays ont besoin d’une assistance humanitaire pendant l’hiver rigoureux.

Karen Decker, représentante des Etats-Unis en Afghanistan, a demandé des comptes. « En tant que représentante du plus gros donateur » à ce pays, « je crois que j’ai le droit de demander comment les talibans entendent empêcher les femmes et les enfants de mourir de faim, si les femmes ne peuvent plus distribuer de l’aide à d’autres femmes et enfants », a-t-elle tweeté dimanche dans plusieurs langues.

Réponse du porte-parole des taliban Zabihoullah Moujahid par tweet : « Nous ne permettons à personne de dire n’importe quoi ou de proférer des menaces concernant les décisions de nos dirigeants en termes d’aide humanitaire ».

Des dizaines d’organisations travaillent dans les régions reculées de l’Afghanistan, et beaucoup de leurs employés sont des femmes. « L’interdiction va avoir un impact sur tous les aspects du travail humanitaire, car les femmes employées ont des postes-clés dans les projets axés sur la population féminine vulnérable du pays », a déclaré dimanche un haut responsable d’une ONG étrangère.

Recul des droits des femmes

Depuis Berlin, la ministre des affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock, a appelé dimanche à « une réaction claire de la communauté internationale », ajoutant que « nous n’accepterons pas que les talibans fassent de l’aide humanitaire un enjeu de leur mépris des femmes ».

Dans un communiqué, l’ONU a rappelé aux autorités afghanes qu’en excluant les femmes « systématiquement de tous les aspects de la vie publique et politique » elles font « reculer le pays en compromettant les efforts pour instaurer la paix et une stabilité significative ».

Dans un communiqué, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell, s’est dit « consterné », ajoutant qu’« à l’instar d’autres pourvoyeurs d’aide au peuple afghan, l’UE devra examiner les conséquences de cette décision, ainsi que de la récente décision des taliban de fermer les universités aux femmes, sur leur engagement avec nos pays et organisations ».

L’annonce des talibans a également été condamnée dimanche par l’Organisation de la coopération islamique (OCI, 57 Etats membres), dont le secrétaire général, Hissein Brahim Taha, a « vigoureusement appelé » le régime à revoir sa décision, jugée « contraire aux intérêts du peuple afghan ».

L’étau autour des femmes s’est resserré ces derniers mois. Les talibans, revenus au pouvoir en août 2021, leur ont interdit, il y a moins d’une semaine, de fréquenter les universités publiques et privées, pour les mêmes raisons de code vestimentaire non respecté. Ils les avaient déjà exclues des écoles secondaires. Elles sont en outre écartées de nombreux emplois publics, ne peuvent pas voyager sans être accompagnées d’un parent masculin et ont reçu l’ordre de se couvrir en dehors de la maison, idéalement avec une burqa. Elles ne sont pas non plus autorisées à entrer dans les parcs.

« Ce dernier recul flagrant des droits des filles et des femmes aura des conséquences considérables sur la fourniture de services de santé, de nutrition et d’éducation aux enfants », a tweeté dimanche le directeur régional de l’Unicef, George Laryea-Adjei.

Le Monde avec AFP

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