Dix mille pas et plus. C’est bien connu, la pratique intensive d’un sport peut entraîner une véritable dépendance, nommée bigorexie. Pour autant, activité physique et addiction n’entretiennent pas seulement des liaisons dangereuses. Au contraire, l’activité physique est un outil de plus en plus reconnu dans la prise en charge de la dépendance à des substances psychoactives, comme en attestent les résultats d’une revue de la littérature, publiés le 26 avril dans Plos One par l’équipe de Florence Piché – actuellement doctorante en sciences de l’activité physique à l’université de Montréal.
Alcool, cannabis, hallucinogènes, opioïdes, hypnotiques, anxiolytiques, stimulants… L’objectif était d’analyser les études évaluant une intervention d’activité physique dans le cadre du traitement d’une addiction à divers produits psychoactifs. Les auteurs de l’article le précisent d’emblée, ils ont laissé de côté les études se focalisant sur le sevrage tabagique. Dans ce domaine, où les travaux sont de loin les plus nombreux, il a notamment été montré que l’activité physique permet un meilleur contrôle du manque et du craving (envie presque irrépressible de fumer) et peut limiter la prise de poids associée à l’arrêt de la cigarette. En pratique, bien des spécialistes la considèrent comme une aide potentielle pour le sevrage tabagique.
Les auteurs d’un numéro de la revue de littérature scientifique Cochrane, daté de 2019, restent cependant circonspects : « Il n’y a pas de preuves indiquant que l’ajout de l’exercice physique au soutien à l’arrêt du tabac améliore l’abstinence par rapport au soutien seul, mais les données sont insuffisantes pour évaluer s’il existe un bénéfice modeste », concluent-ils.
En excluant ce champ particulier du sevrage tabagique, les chercheurs québécois ont retenu 43 articles, cumulant 3 135 participants. Il s’agissait, dans plus de 80 % des cas, d’essais randomisés, avec en moyenne trois séances hebdomadaires d’environ cinquante minutes avec une intensité modérée, pendant treize semaines. Le jogging, éventuellement associé à d’autres disciplines (vélo, exercices en résistance…), était l’activité le plus souvent évaluée.
« Priorisation des soins »
Une réduction ou un arrêt de la consommation de la substance après le programme d’activité physique ont été observés dans 75 % des études où ces paramètres étaient évalués, soulignent Florence Piché et ses coauteurs. Des effets favorables sont aussi attestés sur la qualité de vie, le sommeil et l’état physique, avec notamment une amélioration de la capacité aérobie dans 71 % des recherches où elle a été mesurée. Sur le plan psychologique, une diminution des symptômes dépressifs et anxieux est aussi rapportée.
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L'activité physique s'affirme comme un outil de sevrage - Le Monde
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