Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le mal des transports amplifiés lors des départs en vacances aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les dangers microbiologiques méconnus des hôtels, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.
Beaucoup considèrent le jardinage comme un passe-temps relaxant, une façon tranquille de s’occuper dehors quelques heures lorsqu’il fait beau. Et c’est vrai ! Mais pas seulement… En tant que spécialiste en médecine d’urgence, je suis régulièrement confronté à toutes sortes de blessures résultant de ce qui était vu comme un inoffensif hobby.
Il y a les classiques, qui viennent immédiatement à l’esprit : les innombrables petites piqûres et morsures, sans parler des pesticides. Et au fil des ans, je me suis aussi occupé de plaies et lésions à la main causées par des outils de coupe, allant de la hache au sécateur, comme au pied, dues cette fois plutôt à des tondeuses à gazon et des fourches.
Rien que ces dernières semaines, j’ai vu arriver des personnes suite à des chutes d’échelles, avec des blessures à la tête dues à des chutes sur le béton. Malheureusement, j’ai aussi confirmé le décès d’une personne âgée dont l’enthousiasme à pelleter s’est avéré trop fort pour son cœur.
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Et si nous disposons aujourd’hui de nombreux traitements pour la plupart de ces plaies et traumatismes, par le passé, le jardin pouvait être un véritable danger. L’un des premiers patients à avoir été traité à la pénicilline, en 1941, était un officier de police qui avait apparemment contracté une septicémie après avoir été griffé par une épine de rosier. À l’époque, la plus petite des blessures pouvait avoir des conséquences mortelles…
Et il s’avère que cela peut encore être le cas. Une femme britannique est décédée en 2016 d’une septicémie après s’être égratignée la main en jardinant. (En France, toutes causes confondues plus de 250 000 cas de septicémie sont enregistrés chaque année, dont plus de 50 000 sont mortels, ndlr)
Mais ce ne sont pas les seuls dangers qui se cachent dans votre jardin. Voici quelques conseils à suivre avant d’aller vous occuper de vos plantes :
Attention au tétanos
Le tétanos est une infection particulièrement dangereuse – et impressionnante. Tous les muscles sont pris de spasmes sous l’effet de la toxine libérée par la bactérie Clostridium tetani, ce qui provoque des crampes très douloureuses, des convulsions, un blocage de la mâchoire et souvent une cambrure du dos très prononcée. Lorsque les muscles respiratoires sont touchés, la mort se fait par asphyxie.
La souffrance provoquée par cette maladie est aussi intense que difficile à décrire.
Beaucoup associent le tétanos à des objets tels que des clous rouillés. C’est vrai, mais ce micro-organisme est très répandu et il se trouve également dans le sol, en particulier s’il y a du fumier – les bactéries du genre Clostridium vivent en effet dans l’intestin. Les roses aiment les sols contenant du fumier, ce qui pourrait rendre ces fleurs bien-aimées mortelles si vous vous coupiez avec des épines contaminées ou si de la terre souillée entrait au contact avec une coupure. Dans 75 % de cas, une lésion minime est à l’origine de l’infection.
La vaccination est particulièrement efficace contre cette infection, d’où l’importance de vérifier que votre vaccin (et son rappel) est à jour. Rappelons que chez les personnes non vaccinées, le taux de létalité du tétanos peut dépasser 50 %.
(En France, on meurt encore du tétanos : entre 2011 et 2020, une dizaine de cas ont été enregistrés chaque année, avec un taux de létalité de 29 %, ndlr)
Bactéries et champignons sont omniprésents
Dans un humble sac d’engrais se cache un ingrédient auquel beaucoup d’entre nous ne s’attendent pas : la famille de bactéries Legionella, dont le risque est plus connu via les systèmes de climatisation ou les systèmes d’alimentation en eau.
Cette bactérie peut provoquer une infection appelée maladie du légionnaire, ou légionellose qui est particulièrement dangereuse, et potentiellement mortelle, notamment pour les personnes âgées et les personnes dont le système immunitaire est affaibli. En cas d’inhalation, elle peut entraîner infections pulmonaires aiguës et pneumonies. L’eau chaude et stagnante utilisée dans le processus de compostage peut expliquer sa présence.
L’engrais préemballé n’est pas le seul à être dangereux. Votre propre tas de compost est également rempli de bactéries et de champignons divers qui, s’ils sont correctement entretenus, ne devraient toutefois pas vous causer de problèmes.
Mais il arrive souvent que la moisissure Aspergillus se développe lorsqu’il fait chaud à l’extérieur. Elles peuvent donner lieu à de lourdes lésions pulmonaires et peuvent même se répandre dans l’organisme, en particulier chez les personnes âgées et immunodéprimées. Là encore, on connaît des cas mortels.
Les spores de moisissures peuvent également déclencher une affection connue sous le nom d’alvéolite allergique extrinsèque ou « poumon de fermier » : une hypersensibilité provoquant une inflammation des alvéoles pulmonaires. Cette affection était classiquement due à l’exposition au foin moisi, mais les tas de compost peuvent également faire de même en raison de la présence d’organismes tels que Aspergillus (champignons filamenteux) et les bactéries du genre Actinomycetes.
Gare aux rats et à la leptospirose
Leptospira est une bactérie que l’on peut trouver dans l’eau contaminée par l’urine de rats. Les rats construisant souvent des habitats à proximité des humains, il est préférable de faire attention lorsque l’on se trouve à proximité d’étang ou de citernes d’eau de pluie lorsque l’on jardine.
Ces bactéries peuvent profiter de lésions cutanées ou de gouttelettes atteignant nos muqueuses pour coloniser notre organisme. Elles provoquent la leptospirose, une infection (zoonose, car venant d’un animal) qui entraîne des maux de tête, des fièvres, des frissons, des vomissements, une jaunisse et, dans certains cas, une insuffisance hépatique, une insuffisance rénale et une méningite.
Méfiez-vous de vos outils électriques
Tronçonneuse, taille-haie, tondeuse… Si les outils électriques ont clairement facilité notre travail dans le jardin, ils ont tout aussi clairement augmenté le risque de blessure.
Les taille-haies peuvent être un excellent moyen de dompter les arbres et les buissons, mais ils peuvent amputer au passage des doigts et infliger des blessures de manière très efficace aux membres comme au torse – il y a une hausse de 30 % des accidents de la main en été dans le sud de la France par exemple. Les taille-haies et les tondeuses à gazon peuvent également couper facilement les câbles électriques, ce qui peut entraîner une électrocution.
Faites preuve de bon sens : adoptez gants, chaussures fermées et attendez que le taille-haie soit arrêté avant de dégager les branches que vous avez coupées pour limiter les risques.
Restez en sécurité
Bien sûr, nombre de ces dangers paraissent rares, ou évidents. Oui, mais le risque est réel… Il existe heureusement des mesures simples, souvent évidentes elles aussi, à prendre pour les éviter :
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Vous avez des plaies, même minimes sur les mains ou des zones de peau qui seront exposées à la terre par exemple ? Nettoyez-les et couvrez-les pendant que vous sortez jardiner.
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Assurez-vous que vos vaccinations sont à jour (en particulier pour le tétanos).
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Tenez tout ce qui est compost et engrais éloignés de votre visage lorsque vous ouvrez les sacs.
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Évitez d’attirer les rats en ne mettant pas d’aliments cuits sur votre tas de compost, couvrez vos réservoirs d’eau et installez des pièges en cas d’infestation.
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Calez les échelles avec attention, sur un sol plat, à l’écart des lignes électriques.
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Appréciez la présence d’animaux sauvages… mais laissez-les tranquilles. Les serpents peuvent être dangereux, comme les renards notamment – qui transmettent l’échinococcose, une maladie parasitaire due à un ver plat.
Et un dernier conseil de ma part. Chaque année, le service des brûlés de mon hôpital reçoit des personnes qui ont essayé d’accélérer le processus d’allumage de leur barbecue en utilisant de l’essence. Tous ne survivent pas. Alors si vous avez l’intention de faire cuire le fruit de votre travail sur un barbecue dans votre jardin, faites-le prudemment. Et assurez-vous d’avoir une cuisson adéquate – ni rosée (viandes et poissons doivent être cuits à cœur pour les débarrasser de leurs éventuels parasites), ni brûlée.
Le jardinage, une activité à risques multiples ! - The Conversation Indonesia
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