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Tuesday, November 14, 2023

Activité volcanique : l'Islande se prépare au pire - National Geographic France

Une éruption ici pourrait menacer n’importe laquelle de ces localités. « Le fait que cet épisode d’activité ait lieu à Svartsengi a surpris beaucoup de monde », admet Winder.

La raison pour laquelle le magma a pris cette direction plutôt que de suivre le chemin des trois dernières éruptions n’est pas claire. Selon Þorvaldur Þórðarson, volcanologue à l’Université d’Islande, les caches profondes de magma y ont au moins deux voies d’accès à la surface, mais « nous ne comprenons pas pourquoi elles fonctionnent de manière semi-indépendante ».

Ces dernières années, Þorbjörn a connu plusieurs périodes de gonflement du sol, ce qui suggérait que du magma s’accumulait ou se déplaçait sous la terre. À chaque fois, le gonflement a cependant fini par prendre fin sans que le magma ne parvienne à remonter à la surface. « Je m’attendais à ce que le phénomène se résorbe, comme d’habitude », affirme Edward Marshall, géochimiste à l’Université d’Islande.

À Grindavík, des plans d’évacuation préventive ont été élaborés, tandis que les travailleurs prenaient des mesures afin de s’assurer que la centrale électrique, essentielle pour la région, notamment pendant la saison hivernale, puisse être opérée à distance. Le 9 novembre, les séismes de plus en plus violents ont également contraint Blue Lagoon à fermer temporairement ses portes et à déplacer ses visiteurs.

Puis, dans l’après-midi du 10 novembre, « les choses se sont emballées », décrit Winder. La péninsule a été secouée par une poignée de séismes de magnitude 4, voire plus, qui ont endommagé des routes et certains bâtiments. À ce stade, 24 000 séismes avaient donc frappé la péninsule depuis la fin du mois d’octobre.

Le magma remontait rapidement, et les scientifiques ont été surpris de constater que le gonflement légèrement inquiétant était devenu une nappe de magma qui s’élevait au travers d’anciennes couches géologiques, appelées des « dykes ». « J’ai été stupéfait par la rapidité de la transition », confie Winder.

L’état d’urgence a été déclaré et, vendredi en début de soirée, l’Office météorologique islandais a officiellement prévu une éruption dans les prochains jours. « L’injection soudaine de ce dyke a changé la donne », explique Marshall, car elle impliquait que la roche en fusion disposait désormais d’une voie d’accès viable pour rejoindre la surface. D’après la déformation de la croûte, il est possible qu’un énorme volume de magma, supérieur à celui des trois dernières éruptions, ait été en cause.

À l’origine, les experts pensaient que les éruptions à venir auraient probablement lieu autour d’anciens cratères au nord-est de la ville, une zone où le sol est plus faible, et que le magma pourrait donc exploiter. Les choses se sont toutefois aggravées lorsque, comme mentionné plus haut, tard dans la journée de vendredi, les grondements sismiques ont migré vers Grindavík, indiquant qu’une éruption pourrait avoir lieu dans la ville et ses alentours.

À près de minuit ce jour-là, face à la menace, le gouvernement a ordonné une évacuation obligatoire et immédiate qui s’est achevée environ deux heures plus tard. Cette même nuit, l’activité sismique s’est étendue jusqu’à la mer. Selon Mike Burton, volcanologue à l’Université de Manchester, une éruption à cet endroit « générerait beaucoup de cendres et de gaz dangereux, mais aussi de la vapeur ainsi qu’une activité encore plus explosive ».

Si cela se produit, il est probable que le danger se limite à l’Islande et ne s’étende pas à l’international comme l’éruption de l’Eyjafjallajökull en 2010, une émission de lave sous une calotte glaciaire qui avait créé une colonne de cendres colossale et durable, provoquant la fermeture temporaire d’une partie de l’espace aérien européen.

Dans la soirée du 11 novembre, le magma se trouvait à moins de 1 kilomètre de la surface, et le couloir qui constitue le site d’éruption potentiel s’était élargi à environ 16 kilomètres de long, s’étendant ainsi de la région cratérisée jusqu’au large, en passant par Grindavík.

Lundi, l’activité sismique avait baissé en intensité, ce qui ne signifie pas qu’une éruption est devenue moins probable. Au contraire.

L’activité sismique avait également diminué avant les trois éruptions précédentes, suggérant qu'à l’approche de la surface, le magma nécessitait moins de puissance pour briser les roches. Ces dernières années, la péninsule a néanmoins connu au moins une éruption ratée, du magma ayant tenté en vain de jaillir à la surface.

L’éruption de 2021 à Fagradalsfjall a commencé trois semaines après que le magma qui l’alimentait était remonté jusqu’à des parties peu profondes de la croûte. Ainsi, il pourrait également s’écouler des semaines entières, et non pas des jours, avant que Grindavík ne connaisse son éventuelle éruption. « Les habitants de Grindavík pourraient donc avoir à s’habituer » à devoir s’abriter loin de chez eux, révèle Marshall.

Si l'éruption attendue avait bien lieu, la lave pourrait soit se déverser sur un segment de ce couloir, soit jaillir sur toute sa longueur. « Certaines des interprétations les plus pessimistes des données suggèrent un ordre de grandeur supérieur à celui de l’Holuhraun », détaille Ilyinskaya, en référence à l’éruption qui a recouvert de lave 85 kilomètres carrés de terres islandaises, soit environ la superficie d’Ajaccio, en 2014 et 2015. Contrairement à celle qui s’annonce actuellement, cette éruption avait cependant eu lieu dans un endroit isolé, loin des centres de population.

Bien que cette éventualité soit peu probable, il est encore possible qu’aucune éruption ne se produise. Un tel scénario constituerait une réelle surprise pour les scientifiques ainsi qu’un évident soulagement pour les Islandais ; néanmoins, si cela devait se produire, il fait peu de doute que les tensions persisteront et que beaucoup se demanderont pourquoi toute cette agitation géologique n’aura mené à aucune éruption.

La plupart des experts s’attendent à voir de la lave jaillir prochainement. L’Office météorologique islandais estime que la probabilité d’une éruption dans les prochains jours est « importante ». Les autorités et les scientifiques islandais, qui travaillent jour et nuit pour protéger les vies et les infrastructures de la région, espèrent le meilleur tout en se préparant au pire.

« Je pense qu’il faut s’attendre à un comportement inattendu », prévient Burton.

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