Ce qui devait être la première activité-bénéfice de l’Atoll, centre d’art actuel de Victoriaville mardi soir, a pris une tournure inattendue alors que l’artiste Antoine Larocque, qui est également codirecteur de l’Atoll, comme il a signé lui-même sur la déclaration faite sur les médias sociaux, a profité de la soirée pour peindre sur les murs des phrases dénonçant la démolition annoncée du bâtiment dans lequel loge actuellement l’organisme culturel.
Pour l’occasion, le conseil d’administration avait obtenu la collaboration de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable (CCIBFE) qui avait invité ses membres à venir découvrir l’endroit. De nombreux artistes étaient également présents. À un moment, sans prévenir, Antoine Larocque a commencé sa performance. Parmi les phrases qu’il a écrites sur les murs et mobiliers, on pouvait notamment lire : « Notre politique « culturelle »=traiter les artistes comme de la vermine ».
Il a aussi pris la parole pour dénoncer le fait qu’il avait appris il y a quelques jours que le bâtiment qui accueille l’Atoll sera démoli. « Nous devons quitter d’ici décembre 2024 et la Ville ne nous offre aucun support particulier pour la relocalisation. Arrangez-vous », a-t-il publié sur les réseaux sociaux. Une sortie marquée qui en a mis plusieurs mal à l’aise.
Du côté de la Ville de Victoriaville, le maire Antoine Tardif, mis au courant des événements, a fait la déclaration suivante : « Les déclarations de l’organisme me surprennent considérant les sommes importantes que nous lui attribuons. À lui seul, l’Atoll obtient une aide annuelle au fonctionnement de plus de 45 000 $ de la Ville en plus de bénéficier de la gratuité d’un local sur la rue des Forges, témoignant de l’importance de cet organisme culturel pour le conseil municipal. Victoriaville soutient également son milieu culturel à hauteur de plus de 1,2 million $ annuellement. Cela représente environ 84 $ par habitant, ce qui est bien au-delà de la moyenne de 58 $ par habitant pour l’ensemble du Centre-du-Québec. Le bâtiment de l’Atoll, qui appartient à la Ville, a atteint un niveau de désuétude avancé et nos équipes travaillent avec l’organisme pour sa relocalisation prochaine. Bien qu’il s’agisse d’une organisation culturelle autonome, la Ville continuera de collaborer professionnellement avec ce dernier tout au long de ce processus de relocalisation ».
Du côté du conseil d’administration de l’Atoll, un communiqué a été diffusé le lendemain, après avoir enlevé de Facebook les photos et la déclaration de l’artiste. Elle explique qu’Atoll « est en effet en processus de relocalisation et l’événement du 12 décembre avait comme objectif de créer des liens avec la communauté d’affaires et municipale ». Quant à la performance artistique d’Antoine Larocque, si on peut l’appeler ainsi, les dirigeants ont souligné « qu’un centre d’artistes est un lieu de recherche et de création pour les artistes en art actuel. Antoine Larocque, en tant qu’artiste, a transmis un message fort, qui appelle à la controverse ». À cela, le communiqué ajoute que « le centre tient à préciser que cette intervention artistique est une initiative personnelle de l’artiste et non pas un projet porté par le centre ». Le communiqué se termine par des excuses à toute personne qui aurait pu se sentir visée directement.
Du côté de la directrice de la CCIBFE, Stéphanie Allard, bien que surprise de la tournure de la soirée, elle a expliqué que la Chambre cherche à mettre en lumière l’art et la culture et que les « revendications » faites par l’artiste à l’Atoll n’allaient pas la décourager à poursuivre ses efforts. « Il y a des façons de faire les choses », a-t-elle commenté. « Ça ne nous empêchera pas de faire d’autres projets du genre », a-t-elle terminé en ajoutant qu’elle s’assurerait toutefois, à l’avenir, d’avoir le déroulement précis de l’événement auxquels la CCIBFE collaborera.
Atoll : Antoine Larocque vole la vedette de l'activité-bénéfice - La Nouvelle Union
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