Ces temps-ci, le président de Rolls-Royce est d’excellente humeur. « Depuis septembre 2020, nos ventes s’envolent », a expliqué Torsten Müller-Ötvös au média Automotive News Europe. Une subtile allusion au Spirit of Ecstasy, la figure qui déploie ses ailes à l’extrémité de l’auguste capot des voitures britanniques, pour saluer la performance. Avec presque 3 000 unités commercialisées au premier semestre, la firme s’apprête à pulvériser son record de production annuelle (5 152 unités) établi en 2019.
Le délai de livraison d’un Cullinan (340 000 euros) ou d’une Phantom (462 000 euros) a doublé ; il atteint désormais un an. L’usine de Crewe, en Angleterre, ignore les difficultés d’approvisionnement en puces électroniques qui plombent les autres constructeurs. La contribution de Rolls-Royce à la profitabilité du groupe BMW lui vaut de « pouvoir disposer de 100 % des composants nécessaires », assure son patron, mais la production ne peut pas suivre la demande.
« Depuis presque douze ans que je suis en fonctions, je n’ai jamais vu un tel niveau d’activité, partout dans le monde. En particulier en Chine et aux Etats-Unis, qui sont au coude-à-coude pour devenir notre marché numéro un », s’enthousiasme-t-il. Chez Bentley, souffle le même vent d’euphorie. La production a décollé de 50 % au premier trimestre et le résultat d’exploitation de 178 millions d’euros est historique. « Supérieur à tout résultat enregistré sur une année pleine en cent deux ans d’existence », précise la filiale du groupe Volkswagen.
« Beaucoup d’argent prêt à être dépensé »
Lamborghini, autre composante du groupe allemand, a vu sa production grimper de 37 % sur le premier semestre avec près de 5 000 voitures commercialisées. De son côté, Ferrari, qui a abandonné depuis plusieurs années l’idée de plafonner sa production afin d’en conserver le caractère « exclusif », annonce sobrement « des commandes record », en particulier sur la SF90 Stradale, son premier modèle hybride-rechargeable.
Hier au bord de l’abîme, Aston Martin reprend des couleurs. Désormais sous contrôle du richissime Canadien Lawrence Stroll, le constructeur, qui s’est aussi rapproché de Mercedes-Benz, a triplé ses ventes sur les six premiers mois de 2021. Encouragé par le succès remporté par son premier SUV, la DBX (185 000 euros l’unité, hors options) le constructeur s’attend à commercialiser 6 000 véhicules en 2021 et juge tout à fait réaliste l’idée de franchir la barre des 10 000 en 2025.
Les états-majors du grand luxe automobile ont l’optimisme d’autant plus chevillé au corps que cette embellie va au-delà d’un effet de rattrapage post-pandémie de Covid-19. Il s’agit bien d’une tendance de fond que résume, lapidaire mais réaliste, Torsten Müller-Ötvös auprès de l’AFP : « Il y a beaucoup d’argent prêt à être dépensé. » Rolls-Royce, comme d’autres, a appris à capter la prodigalité de ses clients, dont la moyenne d’âge est passée de 56 à 43 ans entre 2010 et 2020. Des acheteurs qui sont, toujours en moyenne, propriétaires de… six modèles de la marque.
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« Je n'ai jamais vu un tel niveau d'activité » : la bonne fortune des voitures de luxe - Le Monde
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