Au quotidien, raconter des histoires, partager des anecdotes, qu’elles soient amusantes ou émouvantes, constitue une part importante de nos interactions sociales : ce moment agréable passé avec des collègues, ce film qui vous a ému aux larmes dans la salle de cinéma, ces péripéties vécues lors d’un voyage… Dans ces moments, en particulier lorsque l’histoire racontée repose sur des émotions, ces dernières ne sont pas les seules à être partagées entre la personne qui parle et celle qui écoute : l’activité cérébrale des deux individus ont tendance à se synchroniser.
Communication émotionnelle
Lorsqu’on transmet des émotions à travers ce que l’on dit - par exemple en racontant une histoire heureuse ou triste - il s’agit de communication dite émotionnelle. Cette forme de communication aurait une influence sur le degré de proximité ressentie par les différentes personnes impliquées, notamment via l’échange de signaux à la fois conscients et inconscients qui contribuent à ce sentiment d’être “en phase” l’un avec l’autre.
Joyeuse synchronisation cérébrale
Une équipe de l’Université normale de la Chine de l'Est s’est intéressée à cette synchronisation entre les individus lors de communications émotionnelles. Ils ont abordé la question sous l’angle du cerveau, en enregistrant l’activité cérébrale de leurs participants tandis qu’ils et elles écoutaient des histoires tristes, joyeuses ou simplement neutres, puis les relataient à leur tour.
Leurs résultats, publiés dans la revue eNeuro, indiquent que les histoires joyeuses produisent une plus grande synchronisation cérébrale entre les individus concernés que les histoires tristes ou neutres, en particulier dans les régions frontale et temporo-pariétale gauche qui sont respectivement impliquées dans le traitement des émotions et la théorie de l’esprit. Cette dernière, et contrairement à ce que son nom peut sous-entendre, n’est absolument pas une théorie philosophique sur l’esprit humain. Dans le domaine des neurosciences, ce concept désigne notre capacité mentale à attribuer des états mentaux à soi-même et à autrui, comme l’explique un article paru dans la Revue de neuropsychologie. Par exemple, si vous organisez une surprise pour un proche à l’occasion de son anniversaire, c’est cette capacité qui vous permettra de “lire” la joie sur son visage, sans qu’il n’ait besoin de la verbaliser. Il est donc logique que la région cérébrale dont elle dépend soit impliquée dans le traitement d’histoires à forte valence émotionnelle, dans le contexte de la communication interpersonnelle.
En plus de promouvoir une forte synchronisation cérébrale entre les deux partis concernés, les résultats de l’équipe chinoise montrent que la communication émotionnelle “joyeuse” permet une plus grande sensation de proximité entre eux ainsi qu’une meilleure mémorisation de l’histoire racontée chez la personne qui écoute.
Indicateur neuronal d'une communication interpersonnelle réussie
Dans leur étude, les chercheurs proposent, à la vue de leurs résultats, que cette synchronisation cérébrale observée dans le cadre d’une communication émotionnelle (en particulier joyeuse) soit utilisée comme un marqueur cérébral d’une communication interpersonnelle réussie. En effet, ils ont constaté que l’intensité de la synchronisation entre le narrateur et l’écoutant permettait de prédire la façon dont ces deux individus allaient évaluer leur proximité interpersonnelle : plus leurs cerveaux étaient en phase, plus les participants estimaient s’être sentis très proches l’un de l’autre.
Neurosciences : une communication émotionnelle joyeuse synchronise l'activité cérébrale - Sciences et Avenir
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