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Friday, July 28, 2023

Teleperformance : Avec une activité au ralenti et un objectif de croissance abaissé, Teleperformance plonge en Bourse - BFM Bourse

(BFM Bourse) - La croissance organique des activités du spécialiste de la relation client externalisée ne s'est établie qu'à 5,3% hors contrats Covid au deuxième trimestre. Redoutant des conditions économiques qui devraient rester difficiles sur la deuxième partie de l'année, le groupe a réduit son objectif de croissance pour l'exercice 2023.

Ce n'est pas avec ce type de publication que Teleperformance redorera son blason boursier et convaincra le marché que les craintes sur l'impact intelligence artificielle (IA) générative sur son activité sont exagérées.

Depuis le début de l'année, le spécialiste de la relation client externalisée a vu son action chuter, les investisseurs percevant donc la société comme une potentielle victime de l'IA générative et de l'automatisation de certaines tâches. La direction, elle, s'est au contraire efforcée de démontrer qu'elle a déjà commencé l'adoption de ces nouvelles technologies qui soutiendront sa productivité.

S'il est évidemment difficile de se prononcer réellement pour l'heure sur ce sujet, l'IA n'est pas la seule source d'inquiétude. Le groupe a également annoncé une acquisition importante et mal reçue des investisseurs (celle du luxembourgeois Majorel) et a déçu à plusieurs reprises sur sa croissance. Et c'est encore le cas à l'occasion de la publication de ses comptes de la première moitié de l'année.

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Les Etats-Unis et l'Amérique latine sont mous

Sur le seul deuxième trimestre, l'activité de l'entreprise a ralenti. La croissance en données comparables s'est établie à 2,5% et à 5,3% en retraitant l'impact de la fin des contrats liés au Covid qui avaient porté ses revenus sur la même période de 2022. Ce qui marque un net tassement par rapport au chiffre de 8,6% du trimestre précédent.

Et cette progression de 5,3% en données comparables s'avère une nouvelle fois inférieure aux attentes, puisque le consensus tablait sur une hausse de 7%, selon Deutsche Bank.

"Le marché nord-américain est particulièrement mou, la faiblesse provenant des clients des verticales des télécommunications, du commerce électronique, et des technologies", remarque la banque allemande.

L'activité principale du groupe "core services and digital integrated business services" (relation client, support technique, services de ventes, gestion de contenu numérique, services administratifs..) a vu sa croissance se tasser à 3,3% en données comparables hors Covid sur le trimestre.

Outre le ralentissement aux Etats-Unis, cette activité été pénalisée par une base de comparaison exigeante en Europe-Moyen-Orient et par un affaiblissement de la zone Amérique latine, où la croissance n'a atteint que 1,6% en données comparables hors Covid-19. "Le renforcement du peso mexicain par rapport au dollar américain a réduit significativement l’ attractivité du Mexique par rapport à d’autres zones offshore", a expliqué l'entreprise. Royal Bank of Canada juge ce ralentissement "particulièrement préoccupant", en raison de la forte rentabilité de cette région Amérique latine.

Rentabilité inférieure aux attentes

Sur l'ensemble du premier semestre, la croissance organique hors contrats Covid-19 se situe à 7%. "La croissance organique est solide dans un environnement économique et géopolitique toujours incertain. Elle est également supérieure à celle de la plupart des principaux acteurs du marché, en raison de la résilience et de la diversité du portefeuille clients de Teleperformance par régions, par secteurs et par ligne de services", assure la société.

Sur les autres lignes de compte, le bénéfice avant amortissements, impôts et charges d'intérêt (Ebita) courant a légèrement progressé, s'inscrivant à 577 millions d'euros contre 566 millions d'euros un an auparavant. La marge correspondante s'est établie à 14,6% contre 14,3% au premier semestre 2022. Mais le consensus attendait une marge de 14,7% et un montant de 597 millions d'euros, selon Royal Bank of Canada. Le bénéfice net est lui quasi stable à 271 millions d'euros.

Estimant que "l'environnement macro-économique devrait rester difficile au second semestre", Teleperformance a sabré sa cible de croissance pour l'année en cours. Le groupe attend une croissance hors contrats Covid en données comparables de 6% à 8% contre 8% à 10%. La société ne fait par ailleurs plus mention d'un objectif intégrant les contrats Covid. Teleperformance vise une marge d'Ebita de 16% contre "environ 16" auparavant, soit un changement purement cosmétique.

"Notre niveau de croissance au second semestre sera directement corrélé à la dynamique macroéconomique spécifique à certaines activités à forte saisonnalité dans des secteurs clefs tels que la santé, la distribution ou la technologie", a expliqué le PDG de la société, Daniel Julien, cité dans un communiqué.

On n'est pas inquiets mais on préfère être plus prudents", a renchéri Olivier Rigaudy, directeur général délégué de Teleperformance, lors d'une conférence téléphonique, cité par l'AFP.

Des chiffres "faibles"

Devant les analystes, Bhupender Singh, autre directeur général délégué, n'a toutefois pas exprimé un degré de confiance extrêmement élevé dans les nouvelles perspectives de croissance, comme le remarquent d'ailleurs Royal Bank of Canada et Stifel.

"Nous avons bien débuté l'année puis nous avons eu un ralentissement dans les prises de décision, puis cela a repris puis il y a eu une autre pause. Franchement nous avons vu trop de "stop-start" cette année pour être capable d'être totalement confiant sur ce qui va se passer au second semestre", a expliqué le dirigeant. Historiquement les troisième et quatrième trimestre sont des trimestres importants avec des volumes élevés, a-t-il rappelé. "Si pour une raison ou une autre ces volumes ne se matérialisent pas il pourrait y avoir un impact. A cet instant, nous pensons que nous pourrons réaliser (les nouveaux objectifs, NDLR) mais je ne veux pas paraître totalement confiant", a-t-il développé.

A la Bourse de Paris, l'action Teleperformance subit un nouveau coup de bambou, chutant de 10% vers 11h, ce qui porte son plongeon depuis le début de l'année à 36% (et 56,4% sur un an).

La société a présenté "une série de chiffres faibles dans l'ensemble, avec peu d'éléments positifs au-delà d'une surperformance relative par rapport à ses concurrents, plus fortement orientés vers le marché américain mollasson", écrit Royal Bank of Canada.

"Bien que nous soyons toujours convaincus que Teleperformance résistera en cas de ralentissement macroéconomique généralisé, les investisseurs doivent désormais faire face à un ralentissement cyclique tangible, en plus des questions à plus long terme sur la perturbation de l'intelligence artificielle", poursuit la banque canadienne.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

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