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Thursday, May 9, 2024

Dans le monde, trois EPR en activité et des commandes qui se font attendre - Le Monde

Dans la salle des turbines liée à l’OL3, le dernier des trois réacteurs de la centrale nucléaire d’Olkiluoto (Finlande), le 2 mai 2023.

Lorsqu’il sera connecté au réseau électrique français – d’ici à l’été, si tout se passe cette fois comme prévu –, le réacteur numéro 3 de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche) deviendra la quatrième unité de type EPR (European Pressurized Reactor) en fonctionnement dans le monde. Trente-cinq ans après la naissance du « projet EPR », en 1989, dans le cadre d’une coopération franco-allemande, et près de vingt ans après le lancement d’un premier chantier en Finlande en 2005, ces modèles de réacteurs à eau pressurisée européens se comptent encore sur les doigts d’une main.

Les deux EPR de la centrale de Taishan, située dans la province du Guangdong, en Chine, ont été les premiers à être mis en service, en 2018 et 2019, avec cinq années de retard. Construits par EDF et le chinois CGN, ils auront nécessité neuf ans de travaux. L’EPR d’Olkiluoto, bâti par le consortium Areva-Siemens sur une île du sud-ouest de la Finlande, est opérationnel depuis 2022 : le chantier, prévu pour durer quatre ans, se sera finalement éternisé plus de seize ans, et les coûts ont lourdement dérapé, passant de 3 milliards à 11 milliards d’euros. La dérive est du même ordre à Flamanville, où la durée du chantier a été multipliée par quatre et les coûts par cinq.

Aujourd’hui, seulement deux autres EPR sont en construction. Le chantier d’Hinkley Point C, au sud-ouest de l’Angleterre, a démarré en 2018 et connaît des déboires similaires. EDF, qui porte le projet, annonce désormais une mise en service du réacteur numéro 1 au mieux en 2029, voire en 2031 – plutôt qu’en 2025 comme prévu initialement. « Ce nombre de trois EPR en service dans le monde est faible par rapport aux ambitions du projet industriel, estime Yves Marignac, membre du groupe permanent d’experts sur les équipements sous pression nucléaires et porte-parole de l’association négaWatt. L’idée était que Flamanville soit la vitrine de l’EPR au niveau domestique et mondial et que cela déclenche des commandes, mais sur ce point la filière a échoué. »

Si un certain nombre de pays ont exprimé leur intérêt pour le nucléaire, afin de décarboner leur système énergétique, les nouvelles commandes fermes d’EPR se font attendre. En 2022, le gouvernement britannique a donné son feu vert à la construction de deux réacteurs semblables à ceux d’Hinkley Point C sur le site de Sizewell C, dans l’est de l’Angleterre, et il a annoncé, début 2024, avoir injecté 1,5 milliard d’euros supplémentaires dans le projet, porté par EDF. Mais pour voir le jour, cette centrale doit encore trouver de nouveaux financements. Une décision finale d’investissements n’est pas attendue avant la fin de l’année.

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